Je ne connais pas d’endroit aussi déprimant pour un individu sain de corps et d’esprit que la salle de restaurant d’un hôtel de passage. Telle était la réflexion que je me faisais en me dirigeant vers le lieu où je m’étais résolu à prendre mon repas. Arrivé après la tombée de la nuit dans cette petite ville, je n’avais guère envie de ressortir pour chercher mieux. De toute façon, en cette soirée de Coupe d’Europe, je ne pourrais guère échapper à la retransmission sur grand écran et aux commentaires braillards de supporters télévisuels excités. Mieux valait donc rester sur place et me contenter d’un repas rapide satisfaisant mes nouvelles exigences diététiques.
Comme il fallait s’y attendre, la salle était à peu près vide, le maître d’hôtel s’ingéniant pour une raison inconnue à accentuer le phénomène en dispersant les rares dîneurs aux quatre coins de la pièce. Le match étant retransmis au bar, la pièce était calme. Dans un angle, une cheminée traditionnelle diffusait une douce chaleur, et je décidai de m’y installer sans me soucier du loufiat qui me proposait une table libre dans le coin opposé.
Ayant décliné poliment mais fermement l’apéritif maison, probablement un modeste kir au vin blanc de fin de cuvée, je m’absorbai dans la lecture de mon roman de poche. Je ne suis pas un inconditionnel d’Harlan Coben mais le choix limité du kiosque de la gare ne m’avait pas permis d’être trop exigeant. J’avais à peine ouvert le livre que je fus interrompu par la responsable de l’établissement qui m’avait accueilli quelques minutes plus tôt dissimulée derrière le comptoir de la réception. Je lui en fis la remarque et elle me répondit avec un charmant sourire qu’elle était contrainte d’assurer elle-même une partie du service en raison de l’absence inopinée de sa serveuse attitrée. Je me félicitai auprès d’elle de ma bonne fortune, car bien que n’ayant eu qu’une vision assez limitée de sa personne, elle m’avait fait une très plaisante impression. M’ayant confié la carte, elle s’éloigna de ma table, me donnant le plaisir de constater que l’envers valait bien l’endroit.
En dehors de ma table, seules trois autres étaient occupées. Un couple âgé, d’allure britannique, deux hommes discutant voitures, radars et autres sujets intellectuels et une femme seule, difficile de lui donner un âge précis, probablement entre quarante et soixante ans, tenue banale et sans style, probablement consciente de son manque total de séduction. Inutile d’espérer un quelconque événement issu de cette peu brillante assemblée. Un coup d’œil rapide à la carte pour me résoudre à choisir l’inévitable « pièce du boucher », saignante et sans sauce, seule compatible avec mes pratiques alimentaires du moment.
J’avais à peine repris mon polar quand la maîtresse des lieux revint s’enquérir de mon choix. Lui ayant communiqué mes désirs, à accompagner d’une bouteille d’eau gazeuse, devant sa moue un peu déçue du peu d’intérêt de ma commande, je lui expliquais que j’avais entrepris un ambitieux programme de perte de poids, dont la réalisation était rendue particulièrement difficile du fait de ma vie de nomade moderne. Son agréable sourire revint sur son visage et je la regardai à nouveau s’éloigner avec grâce, balançant avec élégance son joli petit derrière, en direction de la cuisine.
Les anglais avaient quitté la salle et les deux hommes en étaient au café. J’avais renoncé à épier la femme, de toute façon assise dans mon dos. J’eus cette fois le temps de lire un chapitre complet avant que mon plat ne soit servi par le serveur, sans même une formule de politesse rituelle. Je mangeais dans un silence assez pesant, les deux hommes étaient eux aussi partis, sans doute pour regarder le match au bar, tournant les pages entre deux bouchées, consommées les unes comme les autres sans y prêter attention. Seules les buches crépitant dans la cheminée apportaient un peu de bruit de fond, et je fus un peu surpris lorsqu’elle revint pour enlever mon couvert.
— Je ne vous propose pas la carte des desserts, me dit-elle, mais je peux vous offrir un fromage blanc au miel. Vous pouvez vous permettre ça.
Je relevais les yeux pour la regarder avec un peu plus d’attention. Elle portait une tenue assez stricte, chemisier blanc et jupe noire, assez longue, mais il me sembla à ce moment que son décolleté était plus attirant qu’auparavant. Je distinguais très nettement maintenant la dentelle blanche de son soutien-gorge ainsi que le galbe de ses seins. Sans doute un bouton dégrafé, mais la belle n’en avais cure. À moins, me dis-je, que ce ne soit délibérément aguicheur. J’eus soudain l’impression que la soirée pourrait être en partie sauvée par cette attention charmante.
Je n’eus pas longtemps à attendre avant qu’elle ne revienne elle-même avec mon dessert. Sa démarche était de toute évidence plus langoureuse. Déposant l’assiette devant moi, le doute ne me fus plus permis, son buste généreux offert à mon regard était bel et bien un signal à mon intention. Il me fallait montrer que le message était bien reçu. J’optais pour un compliment aimable, associant la qualité de la table au charme de l’hôtesse. Sa réaction fut assez inattendue. Elle s’assit sur la chaise libre, face à moi.
— Je m’appelle Isabelle. Je m’occupe seule de cet hôtel depuis quelques temps et je m’emmerde dans ce trou. Alors vous comprenez, parfois j’essaie de prendre un peu de bon temps avec un client. Vous me plaisez bien et j’ai vraiment besoin de baiser.
J’étais pour le moins surpris d’une attaque aussi directe, mais en même temps enchanté de la tournure des événements. Sans me laisser le temps de répondre, elle prit ma main par-dessus la table en se levant et la dirigea vers ses seins.
— Touche-les, ils sont encore fermes pour mon âge.
Je caressai doucement la peau délicate au-dessus de la dentelle, sentant rapidement durcir le téton sous la fine étoffe. Mes doigts se firent un peu plus pressants, glissant sous le tissu pour libérer la pointe érigée.
— Viens, me dit-elle.
Négligeant mon dessert à peine effleuré, je la suivis jusqu’à un petit salon attenant à la réception. J’entendais maintenant les commentaires venant du bar. La partie était terminée et les spectateurs rejouaient le match. Isabelle referma la porte derrière moi, me fit signe de m’assoir sur un petit canapé et entreprit un lent effeuillage pour notre seul plaisir. Son chemisier déjà bien ouvert fut le premier à rejoindre le sol, bientôt rejoint par sa jupe noire. Elle portait en dessous un ensemble complet de lingerie fine, incluant un porte-jarretelles traditionnel et des bas couture. Ses pieds étaient chaussés de chaussures fines à hauts talons, surement pas une tenue très confortable pour le travail en salle.
Conservant ses dessous, elle s’approcha de moi et sans plier les genoux entreprit de libérer la protubérance déjà nettement marquée dans mon pantalon. Il ne lui fallut pas longtemps pour avoir en main l’objet de sa convoitise. Posant un genou sur le canapé à côté de moi, sa main commença un lent mouvement autour de mon membre dressé avant que ses lèvres ne viennent se joindre à l’exercice.
De mon côté, je caressais doucement le joli postérieur aux rondeurs dégagées, glissant doucement les doigts vers le sillon dans lequel se perdait le string blanc. Je découvris bien vite que son sexe n’attendait plus que moi, étant déjà généreusement humecté, prêt à une visite désormais inéluctable. Isa était bien de mon avis et prit rapidement position après avoir adroitement mis en place un préservatif promptement déballé , me tournant le dos, guidant mon sexe durci vers l’entrée du sien, écartant au passage le symbolique barrage d’étoffe. De mes mains à nouveau libres, je fis rapidement glisser le soutien-gorge afin de me donner accès à deux seins pulpeux mais fermes dont je pris possession comme elle accélérait sa chevauchée.
Il ne fallut pas longtemps à ce régime pour que nos désirs se mêlent en une jouissance intense.
J’avais à peine réajusté ma tenue quand Isa franchit la porte en lançant un joyeux « Bonne Nuit » avant d’aller retrouver ses clients au bar.