Je voyage beaucoup pour des raisons professionnelles et je suis un habitué des trains d’affaires. Je les fréquente généralement tôt le matin, ou bien le soir, mais cette fois c’était en milieu de journée et je me souviendrai longtemps de ce moment.
La plupart du temps, les voyageurs sont seuls et ils sortent très vite leur ordinateur pour travailler ou pour d’autres activités moins nobles, ou bien encore ils sont avec des collègues et commentent les affaires en cours. Je m’amuse souvent à imaginer d’où ils viennent, qui ils rencontrent. Mais ce jour là, le train était presque vide. J’étais le seul occupant d’un espace pour quatre. Quelques minutes avant le départ, une femme élégante cherchant visiblement sa place vint s’installer à l’une des trois places libres, en diagonale. Elle n’avait aucun bagage, pas de porte-document ni d’autre article caractérisant la « business woman », juste un très petit sac, une simple pochette plus adaptée à une sortie mondaine qu’à un voyage en train. Elle devait avoir à peu près quarante ans, mais elle n’en était pas moins extrêmement séduisante, portant avec classe un tailleur provenant sans doute d’une grande maison, mais je ne suis pas très connaisseur de ces choses. En dessous, un chemisier à l’encolure très échancrée laissait plus que deviner une poitrine généreuse, soutenue par un soutien-gorge de fine dentelle.
Dans cette voiture où presque toutes les places étaient libres, le hasard avait voulu qu’elle prenne place en face de moi. Nous n’avions pas échangé plus qu’un rapide bonjour de courtoisie, mais je me réjouissais déjà de ma bonne fortune, quand un troisième voyageur vint à son tour se présenter dans notre carré. L’individu ne manquait pas d’audace puisqu’il me demanda si la place voisine de la mienne était libre, ce que je ne pouvais nier. Il s’y installa sans autre formalité, ruinant ainsi mes fantasmatiques projets.
Il ne me restait donc plus qu’à reprendre mes habitudes, allumer mon portable et consulter les derniers messages reçus.
Peu de temps après le départ, rompant en cela avec l’étiquette du lieu, mes deux voisins se retrouvaient engagés dans une conversation anodine. Tout à mes propres activités, je ne leur avais plus prêté attention mais au bout de quelques minutes, je saisis quelques propos qui me firent tendre l’oreille. Le sujet n’était plus banal mais avait dérivé vers la description d’établissements dont je n’avais qu’une vague connaissance, où hommes et femmes se rencontrent pour des aventures sans lendemain.
De toute évidence, notre élégante voisine connaissait bien ces lieux et commentait avec assurance les mérites de tel ou tel autre club.
Je ne mêlai pas à la conversion mais mon attention fut soudain captivée.
Les choses auraient sans doute du rester à ce niveau mais il était dit que ce jour n’était pas comme les autres.
Notre libertine co-voyageuse, car c’est ainsi qu’elle se qualifia elle-même, au prétexte de la chaleur, entreprit de se défaire de la veste de son tailleur, et devançant notre politesse, la plaça elle-même au dessus de son siège. Pour ce faire, elle dût monter sur l’assise ce qui nous permit de constater que sous sa jupe finalement très courte, à moins qu’elle ne fût remontée, elle portait des bas classiques tenus par un véritable porte-jarretelles et non un moderne collant. Lorsqu’elle reprit sa place, je constatais que son corsage était plus largement ouvert, dévoilant sans pudeur les rondeurs d’une paire de seins de la meilleure allure.
Quelque peu intimidé par cette attitude délibérément provocante, je m’efforçais de retourner à mes affaires, l’esprit ailleurs. Je ne remarquais donc pas ce qui se passa ensuite.
Notre voisine se leva bientôt, pour se rendre aux toilettes me dis-je, mais très vite, mon voisin s’excusa à son tour et je lui laissai le passage pour lui permettre de prendre la même direction.
Leur absence commune dura un bon moment, et je pense qu’il s’était écoulé une bonne vingtaine de minutes lorsque je le vis revenir, le souffle un peu court et l’air satisfait. Il ne reprit pas sa place, au contraire, il rangea ses affaires quand le contrôleur annonçait le premier arrêt du train. J’en profitai pour prendre son siège, près de la fenêtre.
À ce moment, la belle dame arriva à son tour, tout juste un peu décoiffée, un peu de rose aux joues malgré son maquillage. Elle ne dit rien et reprit sa place, cette fois juste en face de moi.
Par chance, personne ne monta à cette gare et le train repartit vers notre destination finale. Il nous restait encore une petite heure de voyage.
Très vite, ma compagne engagea la conversation. Sans préliminaires elle me dit : « C’est un beau parleur, mais il n’assure pas ». Puis, sans me laisser le temps de répondre, elle ajouta : « J’espère qu’avec vous ce sera différent ».
Je ne savais que dire ni que faire mais je sentis aussitôt son pied nu sous la tablette remonter le long de ma jambe et se poser sur la bosse qui venait de se former soudain dans mon pantalon.
Qu’auriez-vous fait à ma place ? Je n’hésitai pas et profitai de cette chance inouïe, une merveilleuse inconnue, incroyablement sexy qui vous engage dans une relation on ne peut plus explicite. Je décidai donc de jouer le jeu et de lui laisser l’initiative.
Elle entreprit de son pied expert un massage appuyé de mon sexe tendu. La surprise de la situation accentuait le plaisir instinctif que me procurait cette caresse affirmée.
Très vite, elle se leva à nouveau et s’emparant de ma cravate, me força à la suivre. Les rares occupants du wagon firent semblant de ne rien remarquer et nous nous retrouvâmes bien vite dans les toilettes du train.
Ma partenaire se calant sur l’étroit lavabo m’attira contre elle et desserra ma cravate, déboutonna ma chemise, une main caressant mon torse, l’autre empoignant mon sexe à travers le pantalon. Je ne resterai pas inactif et déboutonnai son corsage, dégageant ses seins de leur cage de dentelle. Elle les avait fermes et ronds, ne devant rien à la chirurgie. Je les pris à pleines mains. Nous n’échangions pas une parole, elle avait des gestes précis, sûre de leur effet. Elle eût vite fait de libérer ma verge impatiente et la prit entre ses lèvres rouges. Je ne pouvais plus que jouer avec son abondante chevelure, sans soucis des conséquences sur son apparence à l’arrivée.
Mais le temps nous était compté, et elle en avait visiblement conscience. Elle se retourna pour me présenter ses fesses tendues, relevant sa jupe sous laquelle elle ne portait pas de culotte. En avait-elle eu une plus tôt ? De son réticule, elle sortit un préservatif qu’elle me tendit. De mes doigts je caressais son sexe encore excité de son aventure précédente. Je pus également me rendre ainsi compte qu’elle n’avait pas sacrifié sa toison à la mode, du moins pas totalement. Ses lèvres étaient lisses, mais au-delà de son clitoris des boucles frisées étaient bien présentes. Je présentai mon sexe tendu à l’entrée de sa chatte mais elle le prit dans sa main et le dirigea un peu plus haut.
« J’ai déjà joui par là, me dit–elle, prends-moi le cul ».
Disant cela, elle commença à s’empaler d’elle-même. Je ne lui fis pas répéter et l’accompagnai dans la manœuvre. La belle n’en était pas à sa première car les défenses étaient faibles et je me retrouvai bien vite calé entre ses fesses.
Les mains sur ses hanches, j’entamai des va-et-vient en pensant à Birkin et Gainsbourg. Je t’aime, moi non plus. Je vais et je viens, entre tes reins, mais je ne pus me retenir bien longtemps. Elle non plus heureusement. Je voyais son visage dans la glace et lorsque j’éclatai en elle, je vis son sourire s’élargir et ses yeux briller d’un nouvel éclat.
Il ne lui fallut qu’un instant pour se dégager, ôter la capote et entreprendre de me nettoyer la verge de sa langue et de ses lèvres.
Ceci fait, elle m’oublia, me laissant me rajuster pendant qu’elle sortait de son sac un minuscule string noir, puis un tube de rouge à lèvres pour réparer les dégâts de la fellation. Passant les doigts dans ses cheveux, elle y remit un peu d’ordre puis me poussa dehors.
La porte n’était même pas verrouillée.
« Tu n’es pas le coup du siècle, mais je te donnerai quand même une mention passable ».
Abasourdi, je la laissai passer devant moi. Elle attrapa, sans effort cette fois, sa veste au dessus de sa place et sans s’arrêter, me lança un « Salut » en se dirigeant vers l’arrière du train.
Cette fois, les trois ou quatre personnes présentes levèrent les yeux vers moi et je ne pus réprimer un fard violent. Sans un mot, je repris ma place. Un étui de préservatif vide était posé sur le siège. Je n’avais donc pas rêvé.
©Eros Walker 2005